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Pour conclure (v1)

Posted By admin On 19/05/2014 @ 18:54 In Écrits personnels | No Comments

« Le libre n’est plus seulement le logiciel libre. […] [Il] désigne aujourd’hui un vaste domaine dont les logiciels sont l’infrastructure, les licences libres le réglement et l’activisme libriste le gardien. »→1 → 1 : Sébastien Broca, Utopie du logiciel libre, Le Passager Clandestin, 2013, http://lepassagerclandestin.fr/fileadmin/assets/catalog/essais/Utopie_logiciel_libre__Broca__Le_passager_clandestin.pdf [1]

Regarder en arrière
J’ai tenté par cette étude d’entrevoir les relations que peuvent entretenir culture libre et design graphique et d’émettre des pistes sur la mise en place d’une pratique du design graphique libre. Cette pratique se base sur un objectif triangulaire qui recherche une attitude créative envers la technique, une autonomie dans le travail et une participation à la libération de l’information. De cette triangulation peut découler ce qui constitue les trois finalités qui caractérisent le design graphique, à savoir rendre lisible, rendre visible et rendre possible, et ainsi les redéfinir.
Cette double triangulation se superpose donc pour constituer une pratique qui vise à associer libre et design graphique, autrement dit, un design graphique libre. Ainsi, il est impensable d’envisager chaque point séparément, ce n’est qu’en cherchant à adopter l’ensemble de ces préceptes que pourra se dégager une pratique libre complète et concrète.
Toutefois, il ne s’agit pas non plus de plonger aveuglément dans une technophilie absolue, de considérer les avancées technologique comme un bienfait salutaire, comme l’unique solution aux problèmes de ce monde. Il est important d’avoir conscience que la technique apporte bon nombre de dérives dommageables à la société. Une technophilie sans faille est finalement aussi absurde qu’une technophobie inconditionnelle. En effet, nier la place de la technique dans notre société revient à pratiquer un réactionnisme dénué de sens et déconnecté de la réalité. Finalement, il me semble que la posture logique à adopter est celle du technosceptisisme, c’est-à-dire rester critique face aux outils qui nous sont proposés dans le but d’en avoir une approche active et sensée. Cela suppose de prendre conscience que la technique est une réalité humaine, que ses dérives sont le fait de l’usage et de la direction qui lui sont donnés et que le fantastique potentiel social et créatif qu’elle peut nous offrir doit être sans cesse questionné.
Enfin, j’aimerais revenir sur la place centrale que l’outil informatique occupe dans ces recherches. Elle provient à la fois de mon intérêt personnel pour cet outil et d’une réalité sociale qui le place au cœur des problématiques contemporaines. Ceci étant dit, les principes évoqués dans ces écrits me semblent parfaitement applicables à d’autres types d’outils. Un sérigraphe, un graveur, un dessinateur, un peintre ou encore un designer textile peut très bien adopter ces idées, ceci par le fait que ces disciplines utilisent elles aussi des objets techniques et que le fondement d’une posture libre se situe dans le rapport actif et créatif que l’on a avec ceux-ci.
Regarder en avant
Il sera donc maintenant question de vérifier par l’application ce qui a été avancé. Loin de clore la réflexion, je vois dans ces recherche une manière d’établir des paradigmes destinés à ma propre pratique qui, à la manière d’un manifeste, figent sur le papier à un instant donné — celui d’un cycle d’études supérieures qui touche à sa fin — ce qui constitue actuellement pour moi un idéal à atteindre et le choix d’un chemin à suivre. Mais j’ai tout à fait conscience que j’ai à peine entamé la marche. Les idées proposées ici découlent de l’orientation qu’a pu prendre ma pratique depuis le début de mes études, mais il reste nécessaire de se questionner sur la manière de poursuivre cette démarche par la suite, au sortir de ces études. Néanmoins, il ne s’agit pas d’édulcorer le propos, les intentions avancées ici me semblent indispensables à une pratique épanouie et constructive, et représentent ce qui constitue selon moi une manière d’envisager une pratique éthique et responsable du design graphique. Et je reste et resterai convaincu de la nécessité de prendre conscience de sa pratique et qu’il est indispensable au bien-être de cette discipline d’adopter une posture critique et morale, quelle qu’en soit la teneur.
Regarder au loin
Il a été ici traité de l’application du libre au domaine du design graphique. Mais plus généralement, le libre représente une certaine idée du travail collaboratif et de la technique. Parce qu’il propose, par l’expérimentation, de réfléchir à de nouvelles méthodes et de nouveaux modèles, pourquoi ne pourrions-nous pas envisager une extension plus globale de ces idées ? Il pourrait être intéressant de se pencher plus en détail sur la viabilité et les conditions nécessaire à une application à l’échelle de notre société. Ne pourrions-nous pas nous risquer à entrevoir dans ce modèle la possibilité d’en finir avec un système oligarchique absurde et non représentation, un moyen de redonner la parole au citoyen et encourager son autonomie et sa créativité par la libération des objets techniques et du savoir ?
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